De nos jours, les entreprises ont de nombreuses responsabilités face au contexte climatique. Elles doivent mesurer l’impact de leurs activités tout au long du cycle de vie des produits. La REP et la valeur étendue sont des composantes importantes de la responsabilité des producteurs.
La REP : Responsabilité Elargie du Producteur
Définition : « La responsabilité élargie du producteur (REP) s’inspire du principe « pollueur-payeur ». Le dispositif de REP implique que les acteurs économiques (fabricants, distributeurs, importateurs) sont responsables de l’ensemble du cycle de vie des produits qu’ils mettent sur le marché, de leur écoconception jusqu’à leur fin de vie ».
La REP vise à créer un système vertueux de gestion des déchets. Le producteur doit s’acquitter d’une contribution en amont du cycle de vie du produit. La REP au niveau Européen s’applique à 3 types de déchets tandis qu’en France elle est appliquée à 27 filières.
Les filières sont reliées à des “éco-organismes”, ils sont des entités privées à but non lucratif. Ils sont dirigés par les producteurs et agréés par l’Etat pour un exercice de 6 ans renouvelables. Les éco-organismes orientent les flux de déchets vers les centres de traitement grâce à des contrats avec des prestataires logistiques.
Ces organismes sont apparus à l’origine pour la dépollution et le recyclage avant d’évoluer vers la prévention et l’économie circulaire. Ainsi ils accompagnent leurs adhérents, les producteurs vers le développement d’une approche circulaire, dite à boucle fermée.
L’article du code de l’environnement L541-10 stipule que : « obligation aux producteurs, distributeurs et importateurs de ces produits ou des éléments et matériaux entrant dans leur fabrication, de pourvoir ou contribuer à l’élimination des déchets qui en proviennent ».
La ré-individualisation de la REP a fait émerger les enjeux d’écoconception afin de prendre en compte lors de conception la fin de vie du produit.
La filière DEEE (Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques) se veut un modèle source d’innovation :
Concernant les différentes approches développées en Europe, l’Allemagne et le Royaume-Uni n’ont pas d ‘ “éco-organismes”. Ils utilisent des prestataires privés dans lesquels les producteurs n’ont pas leur rôle à jouer.
La seconde vie des produits
La revente des produits d’occasion est apparue lors de l’industrialisation de notre économie. En effet, une machine devenue obsolète pour une entreprise peut être une nouvelle force de production pour une autre. Le marché industriel de l’occasion est porteur.
Dans les précédentes décennies les réseaux de revendeurs fonctionnaient sur 3 forces :
Des moyens financiers : Leur taille permettait d’acquérir une grande quantité de bien pour des valeurs parfois désuètes.
Une capacité de stockage : La capacité de stockage permettait de stocker des équipements sur une longue durée, jusqu’à la naissance du besoin lors de l’obsolescence d’un équipement.
Un réseau : Une couverture internationale avec réseau de revendeur structuré à trois échelles : régional, national et international.
Source :
Dès les années 2000 et l’arrivée d’internet, les achats s’effectuent principalement sur les places de marché spécialisées.
Le futur du marché du négoce des équipements industriels d’occasion s’articule autour d’une place de marché doté d’un conseiller technique pour apporter un véritable accompagnement aux industriels sur la technicité des machines vendues.
La valeur étendue
La valeur perçue par le consommateur ne se réduit pas à l’échange d’un produit. L’impact de ce produit, les externalités qu’il produit sur l’environnement, sont également pris en compte par le consommateur.
Auparavant la valeur ajoutée était la seule variable utilisée par les professionnels du marketing. On ajoute à cette variable la notion de conséquences de la consommation du produit en question et l’on obtient la valeur étendue du produit. Cette notion permet d’introduire une problématique sociétale et environnementale.
Cette valeur étendue va permettre de contrer les préjugés initiaux, notamment sur la responsabilité du marketing dans la surconsommation de la société actuelle dans les pays développés. Le marketing n’avait jusqu’à la jamais pris en compte l’impact de cette croissance industrielle et d’in fine de l’accélération des échanges dans le monde.
De plus, la valeur étendue possède aussi un enjeu managérial sur la place de l’entreprise dans la société.
La valeur étendue est structurée par un référentiel en trois temps et deux environnements.
Le consommateur a un rôle d’arbitre sur le marché grâce à son pouvoir des décisions. Il est l’acteur qui va choisir l’offre parmi tant d’autres. Par conséquent, ses choix peuvent intervenir à tous les niveaux du cycle de vie d’un produit. Nous pouvons prendre l’exemple du consommer localement afin de réduire les transports au début du cycle de vie d’un produit. Le consommateur peut choisir d’intervenir sur la fin du cycle de vie en choisissant des produits conditionnés avec des matériaux recyclables.
On observe 3 phases :
Phases | Définition | Externalités |
Anté | En amont de la vie du produit, la période précédant l’acte de consommation (conception). | Entreprise : écoconception |
Péri | La vie du produit durant sa consommation, le consommateur fait usage du bien en question. | Consommateur : pollution |
Post | La vie du produit après sa consommation : recyclage, réutilisation, valorisation des matières premières. | Entreprise : fin de vie des produits |
Pour conclure, la valeur étendue vient compléter la notion classique de valeur ajoutée afin que le produit soit plus durable et ainsi améliorer la valeur perçue par le consommateur.
Source : Le déchet comme potentiel commun : vers une nouvelle forme de gouvernance de l’environnement / Helen Micheaux, Franck Aggeri / Dans Annales des Mines – Gérer et comprendre 2019/3