La peur du risque est une des choses qui paralysent et empêchent plusieurs personnes de passer de l’aspect abstrait à l’aspect concret de leurs projets. Ainsi, elles n’arrivent pas à conduire à bout leurs projets d’entreprise. Or, c’est seulement en affrontant les risques et en les gérant qu’on peut réussir son projet et faire long feu dans l’univers de l’entrepreneuriat.
En effet, les risques sont inhérents à tous les projets et il est impossible d’envisager accomplir quoi que ce soit sans bien gérer les risques en présence.
Un risque est la combinaison d’un impact et de la probabilité d’une potentielle menace. Une menace est un événement dont la survenance peut contrarier les objectifs d’un projet ou d’une entreprise. L’impact lié à cette menace, c’est l’ensemble des conséquences que peut engendrer la menace.
À travers ce guide, découvrez l’importance de placer la gestion des risques au cœur de votre projet et les stratégies à mettre en place pour bien gérer les risques qui menacent vos activités.
Qu’est-ce que la gestion de risques ?
Selon l’instance internationale « International Organization for Standardization », la gestion de risques est le processus par lequel les organisations abordent méthodiquement les risques liés à leurs activités dans le but d’obtenir un avantage durable pour chaque activité et pour l’ensemble de celles-ci.
Autrement dit, la gestion de risques doit être un processus continu et indissociable de l’activité entrepreneuriale. Il n’est pas possible de concrétiser un projet entrepreneurial sans considérer la gestion des risques comme une partie intégrante dudit projet.
Elle permet de tirer une meilleure plus-value de la réalisation d’un projet en prenant les bonnes décisions face aux risques qui menacent le projet et sa rentabilité. Ainsi, ignorer les risques liés à son projet d’entreprises, c’est courir le risque d’investir et de s’investir en vain dans le projet. Pour cela, la gestion de risques doit se refléter aussi bien dans le plan de gestion du projet que dans son plan d’exécution.
Il est aussi important de souligner que la gestion de risques doit s’intéresser à tous les risques liés au projet entrepreneurial dans le passé, le présent et le futur. Aucun risque ne devrait être sous-estimé sans une analyse préalable.
Quelles sont les différentes catégories de risques ?
Un projet d’entreprises peut être confronté à des risques divers qui ne sont en réalité que la conséquence de facteurs externes et de facteurs internes. Il est important de faire cette première distinction (entre facteurs internes et facteurs externes) avant de commencer à catégoriser les risques.
En effet, les risques qui viennent de l’extérieur de l’entreprise, de l’organisation ou du projet sont plus difficiles à gérer que les risques dont les causes sont internes au projet ou à l’entreprise. Après, cette première distinction, une catégorisation des risques peut se faire par domaine. Habituellement, on distingue les catégories de risques suivantes :
- Risques stratégiques : ces risques sont liés aux choix stratégiques effectués ou à l’absence de stratégies clairement définies ;
- Risques opérationnels : ils sont liés directement à la gestion du projet, de l’entreprise ou de la chaîne de valeur (la production, les achats, la logistique, etc.) ;
- Risques financiers : ils concernent la vie et la santé financière de l’entreprise et dénoncent les anomalies financières comme la fraude ;
- Risques informatiques : ils relèvent de l’environnement informatique de l’entreprise dans son ensemble (actifs, organisations et processus informatiques) ;
- Risques juridiques : ce sont les risques liés au respect de la législation, des contrats et autres règles spécifiques et nobles ;
- Risques environnementaux : ils découlent des résultats envisageables des activités de l’entreprise sur l’environnement naturel et social ;
- Risques de réputation : ils mettent en péril le nom de l’entreprise, sa renommée ou celle de ses produits et services.
Une telle catégorisation aide à concevoir un processus de gestion des risques qui menacent une entreprise ou un projet d’entreprise.
Quel est le processus d’appréhension des risques liés à un projet d’entreprise ?
Le processus de gestion de risques proprement dit se fait précéder par un processus d’appréhensions des risques à gérer. Il s’agit de connaitre les risques qui menacent le projet et leur importance. Ainsi, le processus d’appréhension des risques est constitué de trois étapes principales.
Étape 1 : Identification des risques
Le succès dans l’exécution de cette étape réside dans une connaissance approfondie du projet et des activités qu’il implique. À partir de là et à partir des différentes catégories de risques connues, il est utile de cartographier les risques qui entrent en compte dans le projet.
Cette cartographie réalisée va constituer l’univers de risque de l’entreprise. Quand elle est bien faite, elle permet de passer à l’étape suivante.
Étape 2 : Analyse des risques
L’analyse des risques consiste à étudier les risques en estimant leur impact et leur probabilité de réalisation le plus précisément possible. Il s’agira ensuite d’affecter à chaque risque un poids en fonction de l’impact déterminé et de la probabilité calculée.
L’indisponibilité de certaines données peut conduire à une estimation approximative des impacts et des probabilités. Il est alors conseillé d’utiliser les classes pour aider à l’estimation. Cela permet de faire une pondération des risques à l’aide de score. On peut distinguer jusqu’à 5 types de scores, pour chaque catégorie de risques :
- Score 1 : Impact très faible (pour les risques de la classe 1) ;
- Score 2 : Impact faible (pour la classe 2) ;
- Score 3 : Impact modéré (pour la classe 3) ;
- Score 4 : Impact important (pour la classe 4) ;
- Score 5 : Impact très important (pour les risques de la classe 5).
Lorsque ce travail de pondération du risque est fait par catégorie, on peut distinguer pour un même risque, plusieurs dimensions d’impact : une dimension financière, une dimension opérationnelle, une dimension de préjudice causé à l’image, etc.
Étape 3 : Évaluation des risques
L’étape de l’évaluation des risques n’est également pas à négliger. Elle intervient parce que dans tout projet et toute entreprise, il faut reconnaitre qu’il n’est pas possible de maitriser tous les risques. De plus, chercher à maitriser tous les risques ferait appel à trop de ressources et de moyens : ce qui n’est pas souhaitable.
L’évaluation permet de déterminer facilement les risques dont la gestion doit être prioritaire et les risques dont la gestion peut attendre.
Une matrice assez commune aide à représenter graphiquement les risques à partir de leur impact estimé et de leur probabilité (avec l’impact apparaissant sur l’axe des ordonnées et la probabilité sur l’axe des abscisses).
Impact potentiel | Extrême | 15 | 19 | 22 | 24 | 25 |
Élevé | 10 | 14 | 18 | 21 | 23 | |
Moyen | 6 | 9 | 13 | 17 | 20 | |
Faible | 3 | 5 | 8 | 12 | 16 | |
Négligeable | 1 | 2 | 4 | 7 | 11 | |
Improbable | Peu probable | Possible | Vraisemblable | Probable | ||
Probabilité | ||||||
Classes en pourcentage | 0-10 % | > 10-25 % | > 25-50 % | > 50-90 % | > 90-100 % |
Cette matrice est appelée « Carte thermique des risques ».
Quel est le processus de gestion des risques liés à un projet d’entreprise ?
Le processus de gestion des risques fait immédiatement suite à l’appréhension des risques. Ce processus est aussi fait de trois étapes importantes. Puisqu’il s’agit d’une suite, on peut les numéroter de 4 à 6.
Étape 4 : Traitement des risques et prise de position
Les risques identifiés, analysés et évalués seront traités et une décision sera prise à leur propos. Concrètement, il s’agira de catégoriser les risques prioritaires et de décider s’il faut les accepter, les éviter, les transférer ou les mitiger.
La décision prise peut donc varier :
- Accepter les risques : les risques qui peuvent être acceptés sont ceux qui d’une manière ou d’une autre sont indissociables des activités de l’entreprise. Chercher à éviter ces risques reviendrait à renier les activités elles-mêmes.
- Éviter les risques : les risques à éviter sont les risques qui ne sont pas inhérents à l’activité, mais qui peuvent survenir si l’entreprise envisage de s’investir dans un autre domaine ou de saisir une certaine opportunité. Éviter ces risques consiste donc à ne pas investir des moyens dans ces nouvelles opportunités.
- Transférer les risques : le transfert de risques est envisageable dès que le coût de gestion des risques en question est trop élevé si les menaces survenaient. Les gestionnaires de risques peuvent alors proposer que ces risques soient partagés ou transférés vers d’autres sociétés. L’exemple le plus fréquent de transfert de risques, c’est la coassurance et la réassurance.
- Mitiger les risques : il s’agira d’éliminer les risques ou de limiter leurs effets sur la dynamique du projet.
C’est le plan de gestion des risques qui est ainsi élaboré. Pour un bon management des risques, il faut l’élaborer sur une période d’un an correspondant à la durée d’un exercice comptable.
Étape 5 : Proposition de mesures de gestion des risques
Des mesures de gestion des risques sont ensuite proposées particulièrement lorsqu’il s’agit de mitiger les risques. Il peut s’agir de mesures de prévention ou de mesures correctrices.
Les mesures de prévention sont celles qui servent à empêcher les risques de survenir. Elles peuvent consister à intégrer un programme de suivi et contrôle interne au cœur du projet.
Quant à elles, les mesures correctrices permettent de limiter l’impact d’un risque qui est arrivé. Il s’agit donc d’atténuer le risque. Par exemple, les assurances sont considérées comme des mesures correctrices de risques.
Étape 6 : Documentation des décisions prises
La documentation des décisions prises est peut-être la dernière étape dans la gestion, mais elle n’est surtout pas l’étape la moins importante. Il est important de documenter les prises de décision, car les acteurs du projet peuvent ultérieurement avoir besoin de se référer aux décisions précédentes pour en prendre de nouvelles. La documentation des décisions est également un outil de gestion des risques, car elle permet de prouver la pertinence des décisions.